lundi 19 octobre 2020

Mais que fait la police ? Je l’attends tous les soirs ! Message de Julien Blaine.

Cher Julien, alors que j'étais en train de finaliser cette page de blog, on m'a livré un colis contenant cette chanson Drunken Head Ghost Of Rimbaud Blues, puis j'ai retrouvé ton adresse postale ; je crois qu'Arthur est avec NOUS !

Fraternellement vers toi.

Christian-Edziré.

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Mais que fait la police ?

Je l’attends tous les soirs !

D‘annulation en annulation*

nous allons disparaitre

sous notre forme préférée :

en chair et en os !

 

Nous retournons au papier

exclusivement au papier

Souviens-toi que tu fus papier et que tu retourneras au papier.

ou

N’oublie pas que tu viens du livre de papier et que tu redeviendras au papier du livre.

 

Ainsi nous assistons à l’interdiction de l’art et de la culture

et de ce qui s’en suit

ou s’en précède :

bars et restaurants et par extension toutes ce qui est festif !

Ailleurs le/la Covid ne sévirait pas

ni dans les usines ni dans les bureaux

ni dans les universités ni dans les écoles

ni dans les trains ni dans les métros ni dans les bus bondés !

Travaillez ! Abrutissez vous !

C’est un choix politique présidentiel et gouvernemental.

 

Si vous voulez vous divertir regardez la télé !

Vous pourrez écouter en boucle les recommandations dérisoires et pathétiques du président de la république française et de ses ministres !

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* Depuis le 14 mars 2020, j’ai cessé de les compter !

 

Je vis dans la métropole Aix-Marseille : un petit village Ventabren avec 0 (Zéro) cas de Covid, alors tous les soirs je vais tambouriner aux portes des restaurants et des bars de mon village un peu après 21h00.

et le 9 novembre 2020 dans mon vieux moulin à huile j’organiserai une grande exposition sur la poésie visuelle et la performance à travers le monde.

Vernissage le 9-11 à 9h11 (du soir) 

et aussi

24 octobre 

à la Boutique Hic & Hoc, 6 Rue de Frères Blanchard, - 13600 La Ciotat. 

et                                                    

26 novembre

avec Ma Desheng, Michèle Métail, Fabienne Létang, Liliane Giraudon.

à la fondation Vasarely – 

1 Avenue Marcel Pagnol, - 13090 Aix-en-Provence.

Quoique je ne m’interdirai pas,

ici ou là, 

tel colloque ou tel débat 

voire tel séminaire ou controverse ou tençon

Julien Blaine (17X2020)




 

 

 

 

 

 

mercredi 15 avril 2020

PEUPLES DU MONDES, ENCORE UN EFFORT ! - Raoul Vaneigem

  


Raoul Vaneigem, né à Lessines, Hainaut Belge, en 1934. C'est un écrivain et philosophe qui a appartenu au mouvement situationniste ; il est aussi médiéviste, spécialiste des hérésies, il est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages.Il vit, en France, dans l'Yonne.

Le monde change de base Le choc du coronavirus n’a fait qu’exécuter le jugement que  prononçait contre elle-même une économie totalitaire fondée sur l’exploitation de l’homme et de la nature. Le vieux monde défaille et s’effondre. Le nouveau, consterné par l’amoncellement des ruines, n’ose les déblayer ; plus apeuré que résolu, il peine à retrouver l’audace de l’enfant qui apprend à marcher. Comme si avoir longtemps crié au désastre laissait le peuple sans voix. Pourtant, celles et ceux qui ont échappé aux mortels tentacules de la marchandise sont debout parmi les décombres. Ils s’éveillent à  la réalité d’une existence qui ne sera plus la même. Ils désirent s’affranchir du cauchemar que leur a asséné la dénaturation de la terre et de ses habitants. N’est ce pas la preuve  que la vie est indestructible ? N’est-ce pas sur cette évidence que se brisent dans le même ressac les mensonges d’en haut et les dénonciations d’en bas ? 

La lutte pour le vivant n’a que faire de justifications. Revendiquer la souveraineté de la vie est en mesure d’anéantir l’empire de la marchandise, dont les institutions sont mondialement  ébranlées. 
Jusqu’à ce jour, nous ne nous sommes battus que pour survivre. Nous sommes restés confinés dans une jungle sociale où régnait la loi du plus fort et du plus rusé. Allons-nous quitter l’emprisonnement auquel nous contraint l’épidémie de coronavirus pour réintégrer la danse macabre de la proie et du prédateur ? N’est-il pas manifeste pour toutes et tous que l’insurrection de la vie quotidienne, dont les gilets jaunes ont été en France le signe annonciateur, n’est rien d’autre que le dépassement de cette survie qu’une société de prédation n’a  cessé  de nous  imposer quotidiennement et militairement ?

Ce dont nous ne voulons plus est le ferment de ce que nous voulons La vie est un phénomène naturel en ébullition expérimentale permanente. Elle n’est ni bonne ni mauvaise. Sa manne nous fait  cadeau de la morille tout autant que de l’amanite phalloïde. Elle est en nous et dans l’univers comme une force aveugle. Mais elle a doté l’espèce humaine de la capacité de distinguer la morille de l’amanite, et un peu plus ! Elle nous a armés d’une conscience, elle nous a donné la capacité de nous créer en recréant le monde. Pour nous  faire oublier cette extraordinaire faculté, il a fallu que pèse sur nous le poids d’une histoire qui débute avec les premières CitésEtats et se termine – d’autant plus hâtivement que nous y mettrons la main – avec l’effritement de la mondialisation marchande. 

La vie n’est pas une spéculation. Elle n’a que foutre des marques de respect, de vénération, de culte. Elle n’a d’autre sens que la conscience humaine, dont elle a doté notre espèce pour l’éclairer. La vie et son sens humain sont la poésie faite par un et par toutes et tous. Cette poésie-là a toujours brillé de son éclat dans les grands soulèvements de la liberté. Nous ne voulons plus qu’elle soit, comme par le passé, un éclair éphémère. Nous voulons mettre en œuvre une insurrection permanente, à l’image du feu passionnel de la vie, qui s’apaise mais jamais ne s’éteint. C’est du monde entier que s’improvise un chant des pistes. C’est là que notre volonté de vivre se forge en brisant les chaînes du pouvoir et de la prédation. Des chaînes que nous, femmes et hommes, nous avons forgées pour notre malheur. Nous voici au coeur d’une mutation sociale, économique, politique et existentielle.  C’est le moment du «Hic Rhodus, hic salta, Ici est Rhodes, ici tu sautes». Ce n’est pas une injonction à reconquérir le monde dont nous avons été chassés. C’est  le  souffle d’une vie que l’irrésistible élan  des peuples va rétablir dans ses droits absolus. L’alliance avec la nature exige la fin de son exploitation  lucrative

Nous n’avons pas assez pris conscience de la relation concomitante entre la violence exercée par l’économie à l’encontre de la nature qu’elle razzie, et la violence dont le patriarcat frappe les femmes depuis son instauration, il y a trois ou quatre mille ans avant  l’ère dite chrétienne. Avec le capitalisme vert-dollar, le pillage brutal des ressources terrestres tend à céder la place aux grandes manœuvres de la subornation. Au nom de la protection de la nature, c’est encore la nature qui est mise à prix. Ainsi en va-t-il dans les simulacres de l’amour lorsque le violeur se pomponne en séducteur pour mieux agripper sa proie. La prédation recourt de longue date à la  pratique du gant de velours. Nous sommes à l’heure où une nouvelle alliance avec la nature revêt une importance prioritaire. Il ne s’agit pas évidemment de retrouver –  comment le pourrait-on ? -  la symbiose avec le milieu naturel dans laquelle évoluaient les civilisations de la cueillette avant que vienne les supplanter une civilisation fondée sur le commerce,  l’agriculture intensive, la société patriarcale et le pouvoir  hiérarchisé. Mais, on l’aura compris, il s’agit désormais de restaurer un milieu naturel où la vie soit possible, l’air respirable, l’eau potable, l’agriculture débarrassée de ses poisons, les libertés du commerce révoquées par la liberté du vivant, le patriarcat démembré, les hiérarchies abolies. Les effets de la déshumanisation et des attaques menées systématiquement contre l’environnement n’ont pas eu besoin du coronavirus pour démontrer la toxicité de l’oppression marchande. En revanche, la gestion catastrophique du cataclysme a montré l’incapacité de l’État à faire preuve de la moindre efficacité en dehors de la seule fonction qu’il soit à même d’exercer : la répression, la militarisation des individus et des sociétés. La lutte contre la dénaturation n’a que faire des promesses et des louables  intentions rhétoriques, qu’elles soient soudoyées ou non par le marché des énergies renouvelables. Elle repose sur un projet pratique qui mise sur l’inventivité des individus et des collectivités. 

La permaculture renaturant les terres empoisonnées par le marché des  pesticides n’est qu’un témoignage  de la créativité d’un peuple qui a tout à gagner d’anéantir ce qui a conjuré sa perte. Il est temps de bannir ces élevages concentrationnaires où la maltraitance des animaux fut notamment cause de la peste porcine, de la grippe aviaire, de la vache rendue folle par folie de l’argent fétichisé que la raison économique va une fois de plus tenter de nous faire ingurgiter sinon digérer. Ont-elles un sort si différent du nôtre ces  bêtes de batteries  qui sortent du confinement pour entrer dans l’abattoir ? Ne sommes-nous pas dans une société qui distribue des dividendes au parasitisme d’entreprise et laisse mourir hommes, femmes et enfants faute de moyens thérapeutiques ?  Une imparable logique économique allège ainsi les charges budgétaires, imputables au  nombre croissant de vieilles et de vieux. Elle préconise une solution finale qui les condamne impunément à crever dans des maisons de retraites dénuées de moyens et d’aides soignants. Il s’est trouvé à Nancy, en France, un haut responsable de la santé pour déclarer que l’épidémie n’est pas une raison valable pour ne pas  supprimer plus de lits et de personnel hospitalier. Personne ne l’a chassé à grands coups de pieds aux fesses. Les assassins économiques suscitent moins d’émoi qu’un malade mental courant les rues en brandissant le couteau de l’illumination religieuse. Je n’en appelle pas à la justice du peuple, je ne préconise pas de septembriser les pouacres du chiffre d’affaire. Je demande seulement que la générosité humaine rende impossible le retour de la raison marchande. 

Tous les modes de gouvernement que nous avons connus ont fait faillite, délités par leur cruelle absurdité. C’est au peuple qu’il appartient  de mettre en œuvre un projet de société qui restitue à l’humain, à l’animal, au végétal, au minéral une unité fondamentale. Le mensonge qualifiant d’utopie un tel projet n’a pas résisté au choc de la réalité. L’histoire a frappé la civilisation marchande d’obsolescence et d’insanité. L’édification d’une civilisation humaine n’est pas seulement devenue possible, elle fraie l’unique voie qui, passionnément et désespérément rêvée par d’innombrables générations,  s’ouvre sur la fin de nos cauchemars. Car le désespoir a changé de camp, il appartient au passé. Il nous reste la passion d’un  présent à construire. Nous allons prendre le temps  d’abolir le time is monney qui est le temps de la mort programmée. La renaturation est un bouillon de cultures nouvelles où nous aurons à tâtonner entre confusion et innovations dans les domaines les plus divers. N’avons-nous pas accordé trop de crédit à une médecine  mécaniste qui  souvent traite  le corps comme un garagiste la voiture confiée à son entretien ? Comment ne pas se défier  d’un expert qui vous répare pour vous renvoyer au travail  ?  Si longtemps martelé par les impératifs productivistes,  le dogme de l’anti-nature n’a-t-il pas contribué à exaspérer nos réactions émotionnelles,  à propager panique et hystérie sécuritaire,  en  exacerbant en conséquence le conflit avec un virus que l’immunité de notre organisme aurait eu quelques chance d’amadouer ou de rendre moins agressif, si  toutefois elle n’avait été mise à mal par un totalitarisme marchand, auquel rien d’inhumain n’est étranger ?  On nous a bassinés à satiété avec les progrès de la technologie. Pour aboutir à quoi ? Les navettes célestes vers Mars et l’absence terrestre de  lits et de respirateurs dans les hôpitaux. 

Assurément, il y aura plus à s’émerveiller des découvertes d’une vie dont nous ignorons tout, ou presque. Qui en douterait ? Hormis les oligarques et leurs larbins, que la diarrhée mercantile vide de leur substance,  et que nous allons confiner dans leurs latrines. En finir avec la militarisation des corps, des mœurs,  des mentalités La répression est la dernière raison d’être de l’État. Lui-même la subit sous la pression des multinationales imposant leurs diktats à la terre et à la vie. La prévisible  mise en cause des gouvernements répondra à la question : le confinement eût-il été pertinent si les infrastructures médicales étaient demeurées performantes, au lieu de subir le délabrement que l’on sait, décrété par  le devoir de   rentabilité. En attendant — force est de le constater — la militarisation et la férocité sécuritaire n’ont fait que prendre le relais de la répression en cours dans le monde entier. L’Ordre démocratique ne pouvait souhaiter meilleur prétexte pour se prémunir contre la colère des peuples. L’emprisonnement chez soi, n’était-ce pas le but des dirigeants, inquiets de la lassitude qui menaçait leurs sections d’assaut de matraqueurs, d’éborgneurs, de tueurs salariés ? Belle répétition générale que cette tactique de la nasse employée contre des manifestants pacifiques, réclamant entre autres la réhabilitation des  hôpitaux. Au moins sommes-nous prévenus : les gouvernements vont tout tenter pour nous faire transiter du confinement à la niche. Mais qui acceptera de passer docilement de l’austérité carcérale au confort de la servilité rafistolée ? Il est probable que la rage de l’enfermé aura saisi l’occasion de dénoncer le système tyrannique et aberrant qui traite le coronavirus à la façon de ce terrorisme multicolore dont le marché de la peur fait ses choux gras. La réflexion ne s’arrête pas là. Pensez à ces écoliers qui, dans le pays des Droits de l’Homme, ont été contraints de s’agenouiller devant la flicaille de l’État. Pensez à l’éducation même où l’autoritarisme professoral entrave depuis des siècles la curiosité spontanée de l’enfant et empêche la générosité du savoir de se propager librement. Pensez à quel point l’acharnement concurrentiel, la compétition, l’arrivisme du « poussetoi de là que je m’y mette » nous ont confinés dans une caserne. 

La servitude volontaire est une soldatesque qui marche au pas. Un pas à gauche, un pas à droite ? Quelle importance ? L’un et l’autre restent dans l’Ordre des choses. Quiconque accepte qu’on lui aboie dessus, ou par en-dessous, n’a dès à présent qu’un avenir d’esclave. 

SORTIR DU MONDE MORBIDE ET CLOS DE LA CIVILISATION MARCHANDE 

La vie est un monde qui s’ouvre et elle est ouverture sur le monde. Certes, elle a souvent subi ce terrible phénomène d’inversion où l’amour se change en haine, où la passion de vivre se transforme en instinct de mort. Pendant des siècles, elle a été réduite en esclavage, colonisée par  la fruste nécessité de travailler et de survivre à la façon d’une bête. Cependant, on ne connaît pas d’exemple d’un enfermement, en cellules d’isolation, de millions de couples, de familles, de solitaires que la faillite des services sanitaires a convaincus d’accepter leur sort sinon docilement du moins avec une rage contenue. Chacun se retrouve seul, confronté à une existence où il est tenté de démêler la part de travail servile et la part de désirs fous. L’ennui des plaisirs consommables est-il compatible avec l’exaltation des rêves que l’enfance a laissé cruellement inaccomplis ? 

La dictature du profit a résolu de tout nous ôter à l’heure même où son impuissance s’étale mondialement et l’expose à un anéantissement possible. L’absurde inhumanité qui nous ulcère depuis si longtemps a éclaté comme un abcès dans le confinement auquel a mené la politique d’assassinat lucratif, que pratiquent cyniquement les mafias financières. La mort est la dernière indignité que l’être humain s’inflige. Non sous l’effet d’une malédiction, mais en raison de la dénaturation qui  lui fut assignée. Les chaînes que nous avons forgées dans la peur et la culpabilité, ce n’est ni par la peur ni par la culpabilité que nous les briserons. C’est par la vie redécouverte et restaurée. N’est-ce pas ce que démontre, en ces temps d’oppression extrême, l’invincible puissance de l’entraide et de la solidarité ? Une éducation serinée pendant des millénaires nous a  enseigné à réprimer nos émotions, à briser nos élans de vie. On a voulu à tous prix que la bête  qui demeure en nous fasse l’ange. Nos écoles sont des repaires d’hypocrites, de refoulés, de tortionnaires ratiocinants. Les derniers passionnés de savoir y pataugent avec le courage du désespoir. 

Allons-nous, en sortant de nos cellules carcérales,  apprendre enfin  à libérer la science du carcan de son utilité lucrative ? Allons-nous nous employer à affiner nos émotions, non à les réprimer ? A réhabiliter notre animalité, non à la dompter, comme nous domptons nos frères dits inférieurs ? Je n’incite pas ici à la sempiternelle bonne volonté éthique et psychologique, je pointe du doigt le marché de la peur où le sécuritaire fait entendre son bruit de bottes.

J’attire l’attention sur cette manipulation des émotions qui abrutit et crétinise les foules, je mets en garde contre la culpabilisation qui rôde en quête de boucs émissaires. Haro sur les vieux, les chômeurs, les sans papiers, les SDF, les étrangers, les gilets jaunes, les en-dehors ! C’est le mugissement de ces actionnaires du néant qui font boutique du coronavirus pour propager la peste émotionnelle. Les mercenaires de la mort ne font qu’obéir aux  injonctions de la logique dominante. Ce qui doit être éradiqué, c’est le système de déshumanisation mis en place et appliqué férocement par ceux qui le défendent par goût du pouvoir et de l’argent. 

Il y a longtemps que le capitalisme a été jugé et condamné. Nous croulons sous la pléthore de plaidoiries à charge. Cela suffit. L’imagerie capitaliste identifiait son agonie à l’agonie du monde entier. Le spectre du coronavirus a été, sinon le résultat prémédité, du moins l’illustration exacte de son absurde maléfice. La cause est entendue. L’exploitation de l’homme par l’homme, dont le capitalisme est un avatar, est une expérience qui a mal tourné. Faisons en sorte que sa sinistre plaisanterie d’apprenti sorcier soit dévorée par un passé dont elle n’aurait jamais dû surgir. Il n’y a que l’exubérance de la vie retrouvée qui puisse briser du même coup les menottes de la barbarie marchande et la carapace caractérielle qui estampille dans la chair vive de chacun la marque de économiquement correct. 

LA DEMOCRATIE AUTOGESTIONNAIRE ANNULE LA DÉMOCRATIE PARLEMENTAIRE 

Il n’est plus question de  tolérer  que,  juchés à tous les étages  de leurs commissions nationales, européennes, atlantiques et mondiales,  les responsables viennent nous jouer le rôle du coupable et du non-coupable. La bulle de l’économie, qu’ils ont enflée de dettes virtuelles et d’argent fictif, implose et crève sous nos yeux. L’économie est paralysée. Avant même que le coronavirus révèle l’étendue du désastre, les «hautes  instances»  ont grippé et arrêté la machine, plus sûrement que les grèves et les mouvements sociaux qui, si utilement contestataires qu’ils fussent, n’en demeurèrent pas moins peu efficaces. Assez de ces farces électorales et de ces diatribes de pacotille. Que ces élus, emmanchés par la finance, soient balayés tels des immondices et disparaissent de notre horizon comme a disparu en eux la parcelle de vie qui leur prêtait figure humaine. Nous ne voulons pas juger et condamner le système oppressif qui nous a condamnés à mort. Nous voulons l’anéantir. Comment ne pas retomber dans ce monde qui s’effondre, en nous et devant nous, sans édifier une société avec l’humain qui demeure à la portée de nos mains, avec la solidarité individuelle et collective ? 

La conscience d’une économie gérée par le peuple et pour le peuple implique la liquidation des mécanismes de l’économie marchande. Dans son dernier coup d’éclat, l’État ne s’est pas contenté de prendre les citoyens en otages et de les emprisonner. Sa non-assistance à personne en danger les tue par milliers. L’État et ses commanditaires ont bousillé les services publics. Plus rien ne marche. Nous le savons en toute certitude : la seule chose qu’il réussit à faire fonctionner, c’est l’organisation criminelle du profit.  Ils ont mené leurs affaires au mépris du peuple, le résultat est déplorable. Au peuple de faire les siennes en achevant de ruiner les leurs.  A nous de tout faire repartir sur des voies nouvelles. Plus la valeur d’échange l’emporte sur la valeur d’usage, plus s’impose le règne la marchandise. Plus nous accorderons la priorité à l’usage que nous souhaitons faire de notre vie et de notre environnement, plus la marchandise perdra de son mordant. La gratuité lui portera l’estocade. L’autogestion marque la fin de l’État dont la pandémie a mis en lumière et la faillite, et la nocivité. Les protagonistes de la démocratie parlementaire sont les croque-morts d’une société déshumanisée pour cause de rentabilité. On a vu en revanche le peuple, confronté aux carences des gouvernements, faire preuve d’une solidarité indéfectible et mettre en œuvre  une véritable  autodéfense sanitaire. N’est-ce pas là une expérience qui laisse augurer une extension des pratiques autogestionnaires ? Rien n’est plus important que de nous préparer à prendre en charge les secteurs publics, jadis assumés par l’État, avant que la dictature du profit les envoie à la casse. L’État et la rapacité de ses commanditaires ont tout mis à l’arrêt, tout paralysé, sauf l’enrichissement des riches. Ironie de l’histoire, la paupérisation est désormais la base d’une reconstruction générale de la société. Celui qui a affronté la mort, comment aurait-il peur de l’État et de sa flicaille ? 

Notre richesse, c’est notre volonté de vivre Refuser de payer taxes et impôts a cessé d’appartenir au  répertoire des incitations subversives. Comment seraient-elles en mesure de s’en acquitter, ces millions de personnes qui vont manquer de moyens de subsistance alors que l’argent, chiffré en milliards, continue d’être engloutis dans l’abîme des malversations  financières et de la dette creusée par elles ? Ne l’oublions pas, c’est de la priorité accordée au profit que naissent et les pandémies et l’incapacité de les traiter. Allons-nous en rester à l’enseigne de la vache folle sans en tirer de leçon ? Allons-nous admettre enfin que le marché et ses gestionnaires sont le virus à éradiquer ? 

Le temps n’est plus à l’indignation, aux lamentations, aux constats du désarroi intellectuel. J’insiste sur l’importance des décisions que les assemblées locales et fédérées prendront « par le peuple et pour le peuple » en matière d’alimentation, de logement, de transport, de santé, d’enseignement, de coopérative monétaire, d’amélioration de l’environnement humain, animal, végétal. Allons de l’avant, même en tâtonnant. Mieux vaut errer en expérimentant que régresser et réitérer les erreurs du passé. L’autogestion   est en germe dans l’insurrection de la vie quotidienne. Souvenons-nous que ce qui a détruit et interrompu l’expérience des collectivités libertaires de la révolution espagnole, c’est l’imposture communiste. Je ne demande à personne de m’approuver, et moins encore de me suivre. Je vais mon chemin. Libre à chacune et à chacun d’en faire autant. Le désir de vie est sans limite. Notre vraie patrie est partout où la liberté de vivre est menacée. Notre terre est une patrie sans frontière. 

Raoul Vaneigem 
10 avril 2020

Communiqué par Ivar Ch'Vavar
avec ces mots suivants :
Chers Camarades,
                            un retour émouvant, 
celui de Raoul Vaneigem. 
Eh oui ! ça mérite que je vous re-dérange.
   Qu'est-ce qu'on ferait sans les Belges ?
   Bien fraternellement,

samedi 14 mars 2020

Contre le coronavirus : L'UNION FAIT LA FORCE !

  


Tout simplement MERCI ! Vous êtes héroÏques !
- " [...]vaillants, arthuriens, leur couleurs déchirées par la grenailles déroulées sous les panaches désordonnés de fumèes, avec, sur leur visage, cette lumière fatale qui vous remettait en mémoire que la bataille n'est jamais vraiment terminée, que nous ne sommes jamais tout à fait maîtres du terrain". - Extrait de : 'Dans la brume électrique avec les morts confédérés' de James Le Burke. 

MERCI ! DE PARTAGER LARGEMENT !


CORONAVIRUS. - À PARTAGER MASSIVEMENT ! EN FRANCE, ADOPTEZ DES COMPORTEMENTS CIVIQUES RESPECTUEUX DES MESURES & REGLES PRECONISEES PAR LES AUTORITES DES SERVICES DE SANTE & CEUX DES SERVICES DE L'ETAT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE ! SOYONS DES CITOYENS REPUBLIQUAINS EXEMPLAIRES ! LES TEMPS NE SONT PAS AUX POLEMIQUES !
  RAPPELS : Face au coronavirus, il existe des gestes simples pour préserver votre santé et celle de votre entourage :
- Se laver les mains très régulièrement savon ou solution hydro-alcoolique.
- Tousser ou éternuer dans son coude ou dans un mouchoir.
- Saluer sans se serrer la main, éviter les embrassades.
- Utiliser des mouchoirs à usage unique et les jeter.
- Evitez tout contact avec les personnes fragiles (malades chroniques, personnes âgées…)
- Evitez de fréquenter des lieux où se trouvent des personnes fragiles (hôpitaux, maternités, structures d’hébergement pour personnes âgées…)
- Évitez toute sortie non indispensable.
- PRATIQUEZ LA MISE À DISTANCE SOCIALE, 1 MÊTRE ! DES UNS VIS À VIS DES AUTRES !
- ADOPTEZ DES COMPORTEMENTS CIVIQUES RESPECTUEUX DES MESURES & DES REGLES PRECONISEES PAR LES AUTORITES DES AUTORITES DES SERVICES DE SANTE & DU GOUVERNEMENT !
Pour les personnes se trouvant ou revenant d’une zone où circule le virus :
- Surveillez votre température 2 fois par jour ;
- Surveillez l’apparition de symptômes d’infection respiratoire (toux, difficultés à respirer…) ;
- Lavez-vous les mains régulièrement ou utilisez une solution hydro-alcoolique ;
- Evitez tout contact avec les personnes fragiles (femmes enceintes, malades chroniques, personnes âgées…) ;
- Evitez de fréquenter des lieux où se trouvent des personnes fragiles (hôpitaux, maternités, structures d’hébergement pour personnes âgées…) ;
- Évitez toute sortie non indispensable et respecter les préconisations gouvernementales relatives à ce points, notamment en matière de travail.

En cas de signes d’infection respiratoire (fièvre, toux, difficultés respiratoires)
- Contactez le Samu Centre 15 en faisant état de vos symptômes.
- Evitez tout contact avec votre entourage ;
- Ne vous rendez pas chez votre médecin traitant ou aux urgences, pour éviter toute potentielle contamination ;
- Limitez les déplacements au strict nécessaire.


À PARTAGER MASSIVEMENT !



mardi 28 janvier 2020

À (re)LIRE, à (re)DECOUVRIR et À SAVOIR.


À PROPOS DE GUY DEBORD

Saisir la prodigieuse cohérence d’une pensée qui, parce qu’elle n’a jamais renié sa dimension révolutionnaire, nous offre les meilleures clés pour comprendre notre temps.


Paru dans le Monde Diplomatique,
en août 2006.

Guy Debord, l’irrécupérable

La publication, en près de deux mille pages, des « Œuvres » de Guy Debord (1931-1994) fournit l’occasion d’aller au-delà de la légende situationniste, et de saisir la prodigieuse cohérence d’une pensée qui, parce qu’elle n’a jamais renié sa dimension révolutionnaire, nous offre les meilleures clés pour comprendre notre temps.
Situation paradoxale que celle de Guy Debord, dans le panorama intellectuel français ; d’un côté, tout le monde le cite, fait référence à lui, jusqu’aux agents même du spectacle dont il aura été toute sa vie l’adversaire ; d’un autre côté, on ne peut qu’être frappé de l’étrange discrétion de la presse devant la parution en volume de l’ensemble de ses œuvres (1). Un tel livre, pourtant, qui rassemble, outre ses ouvrages déjà publiés, tout un précieux recueil de lettres, de directives, d’interventions, d’articles parus en revues, de notes inédites, est d’évidence un événement : permettant, tout à la fois, d’éclairer le cheminement de cette pensée, année par année, et d’en saisir l’impressionnante cohérence. Mais tout se passe comme si Debord, désormais, se devait d’être ramené à quelques clichés, à quelques formules stéréotypées et affadies sur la « société du spectacle » ; et cela, au détriment du parti pris indéfectiblement révolutionnaire de celui qui n’aura eu d’autre objectif, dans ses textes comme dans sa vie, que de nuire à l’ordre établi – ou, du moins, de ne rien lui concéder.

Au début des années 1950, Debord est au centre d’un petit groupe de jeunes gens qui s’évertuent, dans la lignée de certaines avant-gardes du début du siècle, à soutenir que l’art est mort en tant qu’entité « séparée », que la poésie doit désormais passer dans la vie. Dada, pensent-ils, a voulu supprimer l’art sans le réaliser ; le surréalisme a voulu réaliser l’art sans le supprimer : c’est précisément cet antagonisme qu’il s’agit de dépasser. Chaque vie doit être inventée, et non subie ; la ville (en l’occurrence Paris) est le territoire même des « dérives », des aventures (d’où le scandale fomenté, par exemple, contre Le Corbusier, coupable selon eux de soutenir une conception de l’urbanisme visant à « détruire la rue »). L’objectif est de « créer des situations » – ce qui implique un dédain affirmé envers tout l’art existant, et plus généralement envers toute culture « aliénée », coupée de l’expérience directe. Tout au plus peut-on prendre acte de la « décomposition » de cette culture, et imaginer (après Lautréamont) les techniques permettant de la « détourner »...

Dans une deuxième période (correspondant, en gros, au passage de l’Internationale lettriste à l’Internationale situationniste), Debord va très nettement élargir le champ d’action – c’est-à-dire le politiser. La contestation de la culture débouche logiquement sur celle de la société. La rencontre avec Marx était inévitable – encore qu’il s’agisse, en ce cas, d’un marxisme hétérodoxe, aux antipodes du communisme officiel (pour Debord et ses amis, c’est la « contre-révolution » qui a triomphé, au XXe siècle, lorsque l’Etat totalitaire s’est substitué en Russie au pouvoir des soviets, ou lorsque les soulèvements libertaires de la guerre civile espagnole ont été écrasés par la bureaucratie stalinienne).

Debord, surtout, perçoit ceci : la logique de la « marchandise », dont Marx avait analysé le lien au système de production, s’étend désormais à tous les aspects de la vie quotidienne ; la part de « loisir » dégagée par l’évolution technique, loin de susciter des libertés supplémentaires, débouche sur l’expansion du spectacle, propulsant des besoins factices sans cesse renouvelés, soumettant nos vies à des représentations manipulées et falsifiées, qui deviennent notre rapport au monde. C’est l’époque, pour Debord, de nouvelles complicités internationales, d’alliances tactiques scandées par des « manifestes » (le groupe ne cesse de se recomposer), et aussi d’une intense élaboration théorique – ce qui débouchera, en 1967, sur ce livre décisif qu’est La Société du spectacle, implacable ensemble de thèses impeccablement martelées.
« Le spectacle, écrit Debord, n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images » ; la « société du spectacle » n’est pas seulement l’hégémonie du modèle médiatique ou publicitaire, mais, au-delà, le « règne autocratique de l’autonomie marchande ayant accédé à un statut de souveraineté irresponsable, et l’ensemble des nouvelles techniques de gouvernement qui accompagnent ce règne ». On connaît la suite : la propagation souterraine de ces thèses, leur ramification dans le milieu étudiant, de Strasbourg à Nanterre, et pour finir l’explosion de Mai 68, dont l’esprit situationniste apparaît comme le foyer secret, brûlant, irradiant, peut-être moins par son influence directe (notamment, à la Sorbonne, sur le Comité pour le maintien des occupations) que par son inspiration diffuse. C’est lui qui vibre alors dans les slogans, les affiches, les inscriptions qui envahissent les rues.

La suite est plus sombre. Debord se rend compte, assez vite, que ce qu’il a propulsé risque, par extension, de sombrer dans le lieu commun, c’est-à-dire d’être dilué dans une « contestation » banalisée, conformiste. D’où la dissolution de son « Internationale » (qui n’a jamais, au mieux, compté qu’une quinzaine de membres), le repli, les exils volontaires (notamment en Italie, occasion de démontrer la vraie nature du « compromis historique » sollicité par les communistes, et d’indiquer, avec une imparable lucidité, la manipulation et l’infiltration des Brigades rouges par le pouvoir d’Etat).

Rencontre, ensuite, avec un mécène, Gérard Lebovici, dont les éditions publieront les auteurs de prédilection de Debord (de Gracián à Orwell), et qui consacrera une salle à la diffusion exclusive de ses films (car toute cette aventure aura été ponctuée par une singulière activité cinématographique, visant à détruire le spectacle de l’intérieur, avec ses propres armes retournées). Lebovici, un jour, sera assassiné, dans des circonstances mal élucidées. Debord, lui, de plus en plus irréductible, de plus en plus isolé dans sa radicalité, à l’heure où la plupart des soixante-huitards se rallient à l’ordre libéral établi, consacrera ses derniers efforts à riposter aux images (le plus souvent calomnieuses) qui sont données de lui, et de ses œuvres.

S’engageant dans une écriture à la fois classique, subversive, souveraine, condensée, désabusée, n’hésitant plus désormais (ce qui culmine dans le prodigieux Panégyrique) à évoquer sa propre expérience, à la première personne – non par narcissisme (car le narcissisme est aussi l’un des ingrédients du spectaculaire), mais plutôt pour suggérer que la résistance au monde intégralement marchandisé revient aussi à affirmer, envers et contre tout, qu’une autre façon de vivre est possible que celle qui nous est imposée.

Le livre majeur de cette ultime période, c’est sans doute les Commentaires sur la société du spectacle, de 1988, où Debord étend et approfondit ses analyses de 1967, en nous livrant le diagnostic le plus pénétrant qui soit sur le monde contemporain, et les principales clés permettant de le comprendre. Un an avant la chute du mur de Berlin, il pressent que l’opposition entre la forme « concentrée » du spectacle (les régimes communistes) et sa forme « diffuse » (le capitalisme occidental) est sur le point d’être surmontée, fondue dans un « spectaculaire intégré » régnant désormais planétairement sans partage. Ses traits caractéristiques ? Le « renouvellement technologique incessant » (par exemple, la marchandise informatique imposée, transformant tout utilisateur en client assujetti) ; la « fusion économico-étatique » (l’absorption de l’Etat dans le marché) ; le « secret généralisé » (les vraies décisions sont inaccessibles, le modèle mafieux triomphe dans l’instance politique) ; le « faux sans réplique » (pour la première fois, les maîtres du monde sont aussi ceux de ses représentations) ; le « présent perpétuel » (abolition de toute conscience historique).

Cela crée un univers de servitude volontaire sans précédent (la véritable nouveauté du spectacle, selon Debord, c’est « d’avoir pu élever une génération pliée à ses lois ») : « Qui regarde toujours, pour savoir la suite, n’agira jamais, et tel doit bien être le spectateur. » L’heure, d’évidence, n’est plus aux grandes utopies collectives, le spectacle a tout envahi, tout absorbé, y compris les critiques partielles, localisées, de son système, qui n’en visent que les effets périphériques – il n’en est pas moins possible de refuser radicalement ce système. Ce qui, au demeurant, chez Debord, n’exclut pas une certaine tonalité de nostalgie : la régression est telle, désormais, qu’il peut être révolutionnaire de regretter certains aspects révolus du passé – ceux, justement, que le spectacle a anéanti...
Au total, donc, un vol
ume passionnant, où l’on peut suivre le parcours de Debord dans toutes ses étapes – dont aucune n’est le reniement des précédentes. A noter : la fulgurance de certains textes ici publiés, jusqu’alors inédits, ou introuvables. Par exemple, cette « Adresse aux révolutionnaires d’Algérie », de 1965, à l’époque où le putsch de Houari Boumedienne évinça M. Ahmed Ben Bella ; ou cet étonnant article de 1967 sur la révolution culturelle chinoise, analysée dans toutes ses contradictions ; ou encore, plus près de nous, ces « Notes inédites sur la question des immigrés » (décembre 1985) – où Debord pose la question dérangeante entre toutes de savoir à quoi, exactement, les immigrés sont sommés de « s’intégrer », au moment où le spectacle est en passe de complètement américaniser ce qui reste de la France...

Autant d’analyses précises, clairvoyantes, anticipatrices, ne cédant à aucun lieu commun (aux antipodes, notamment, des stéréotypes et des aveuglements de la gauche conformiste). Il ne s’agit pas seulement, ici, de remarquer que Debord n’a jamais manifesté la moindre complaisance envers le « camp socialiste », ou les dictatures du tiers-monde ; ou encore faut-il se demander pourquoi, chez lui, c’est la recherche du point de vue le plus révolutionnaire qui génère, sur tous ces sujets, le maximum d’intelligence et de lucidité.

A noter aussi l’extraordinaire intérêt de ses textes cinématographiques. Car même s’il s’agissait, pour lui, de détruire ce code de l’intérieur (en brisant toute fascination spectatrice, en dissociant systématiquement l’image et le son, en affirmant le primat de la pensée sur le « visuel », le plus souvent ramené à des images documentaires ou à des plans détournés), il n’en reste pas moins que les films de Debord (et par-dessus tout ce chef-d’œuvre qu’est In girum imus nocte et consumimur igni) représentent une tentative inouïe de projeter du côté de la conscience (historique et subjective) un art en principe voué à l’évacuer. D’où des films qui tiennent à la fois de l’essai, de la confession, de la méditation, de la compréhension du monde à travers ses images, et qui ne peuvent se comparer à rien d’autre – sinon, peut-être, aux ultimes réalisations de Jean-Luc Godard (et l’on se prend du reste à regretter qu’aucun dialogue entre ces deux géants, qui se détestaient cordialement, n’ait jamais pu s’établir) (2)...

Il est permis, certes, de ne pas adhérer aveuglément à tout ce qu’a écrit ou soutenu Debord. De trouver excessive et injuste, par exemple, sa répudiation quasi systématique de tout l’art et de toute la littérature de son temps – alors qu’il est clair désormais que c’est précisément toute l’effervescence créatrice du XXe siècle que le spectacle tend à détruire, ou à rendre « illisible ». Ou encore : il n’est pas interdit de trouver quelque peu suspecte la tendance de Debord à opérer, dans les groupes dont il s’est entouré, des suites régulières de ruptures, d’exclusions, d’épurations, visant parfois ceux qui lui étaient les plus proches, réduisant d’autant la portée collective (donc politique) de ses positions. Mais peut-être tout cela, au fond, n’était-il que la rançon obligée de son intransigeance, de son exigence quasi absolue de radicalité – lui qui savait que tout groupe subversif doit s’attendre à être, tour à tour, « égaré, provoqué, infiltré, manipulé, usurpé, retourné ».

C’est cette radicalité, en somme, qui permet à la pensée de Debord d’être la seule, aujourd’hui, à pouvoir rendre compte de façon critique de tous les aspects de la marchandisation du monde, et de la « fausse conscience » qu’elle a pu propager. En définitive, c’est même en cela que Debord demeure, malgré tous les effets de mode destinés à rendre sa pensée inoffensive, profondément irrécupérable. « Il est assez notoire, écrivait-il, que je n’ai nulle part fait de concessions aux idées dominantes de mon époque. » Telle est, en effet, la grande leçon qu’il nous lègue – et qu’il faut savoir, comme lui, faire passer dans nos vies.

Guy Scarpetta

Ecrivain. Auteur notamment de L’Age d’or du roman (Grasset, Paris, 1996), de Pour le plaisir (Gallimard, Paris, 1998), de Variations sur l’érotisme (Descartes et Cie, Paris, 2004) et de La Guimard (Gallimard, Paris, 2008).

(1Guy Debord, Œuvres, Gallimard, coll. « Quarto », Paris, 2006, 1904 pages, 31 euros ; édition établie et annotée par Jean-Louis Rançon, en collaboration avec Alice Debord.

(2Cette proximité contradictoire entre Debord et Godard a été très bien pointée par Cécile Guilbert (Pour Guy Debord, Gallimard, Paris, 1996), dans l’un des meilleurs essais qui lui ont été consacrés.

Source :

https://www.monde-diplomatique.fr/2006/08/SCARPETTA/13756

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samedi 24 août 2019

IL Y A PLUS QU'URGENCE ! Les techniciens du sacré nous avertissent....




L'AMAZONIE EST LE POUMON DE LA TERRE... ET LE CHEF INDIEN RAOUNI AVERTI QUE LE COMPTE À REBOURS POUR QUE LA TERRE S'ENFLAMME EST EN ROUTE ! TOUS, PARTAGEZ CETTE PUBLICATION ! ET AU MAXIMUM ! Et, en leur écrivant ! interpellez votre Chef d'état, vos élus locaux et régionaux !



Incendies en Amazonie : le chef indien Raoni demande le départ de Bolsonaro "le plus vite possible" - Franceinfo Il y a 4 heures. - "Il faut qu'on le fasse partir le plus vite possible." Le chef indien Raoni ne mâche pas ses mots contre le président brésilien, alors que l'Amazonie, la plus grande forêt tropicale de la planète, est en proie à de graves incendies, provoqués essentiellement par la déforestation qui s'accélère. "Je pense que le président français et d'autres forces internationales peuvent faire pression pour que le peuple brésilien fasse partir [Jair] Bolsonaro et que le Congrès vote sa destitution", avance, dans une interview à l'AFP, vendredi 23 août, le chef du peuple kayapo, qui se bat inlassablement pour le respect des droits des communautés indigènes.
Je demande une aide extérieure. Je veux qu'il y ait une mobilisation générale pour qu'on éteigne ces feux. On ne peut pas laisser brûler ça comme ça.
Raoni, chef indien
à l'AFP
"C'est une catastrophe, ce qu'il est en train de faire avec nous", poursuit Raoni Metuktire au sujet du président d'extrême droite brésilien, qui encourage le développement de l'agriculture et de l'exploitation minière sur les terres indigènes. "Il veut en finir avec la forêt, avec nous, c'est vraiment terrible ce qu'il fait", renchérit le cacique de 89 ans, figure internationale de la défense de l'Amazonie. "Dans le temps, les présidents du Brésil ne menaient pas des actions mauvaises, n'incitaient pas à la destruction comme ça. Et maintenant ce nouveau président fait tout de travers."
"C'est [lui] qui excite ces gens, comme les fermiers. Ils l'écoutent. Il pensent qu'ils ont tous les droits et se mettent à brûler les forêts" pour les cultures, ajoute le chef indien. "Il en va ainsi pour les coupeurs de bois, les chercheurs d'or. Ils se lâchent tous car sa parole les pousse à détruire la forêt beaucoup plus vite", accuse Raoni.
Si on ne sauve pas le peu qui reste [de l'Amazonie] je vous garantis qu'on va avoir des feux encore plus importants et ce sera la planète qui sera en feu. Ce n'est que le début.
Raoni, chef indien